Antonin Borie est patron de la boite de nuit et salle de concert bisontine l’Antonnoir. Comme une grande partie de ses confrères, il est condamné à garder son établissement fermé jusqu’à l’amélioration de la situation sanitaire. Alors il a décidé en plein confinement de créer l’association BBRBU en soutien aux Boites, Bars, et Restaurants de Besançon. Quelques mois après, où en est l’association ? Nous l’avons rencontré.
BBRBU, pour « être porte-parole des structures face à ceux qui décident »
BBRBU pour Boîtes, Bars et Restaurants de Besançon Unis. L’association montée en mai dernier compte actuellement 76 établissements affiliés. « Son but, c’est d’être porte-parole des bars, boites et restos face à ceux qui décident car la situation est compliquée pour nous », explique Antonin Borie. L’association a depuis porté ses fruits, puisque le collectif à réussi à obtenir de la ville une aide de 300 000 €. « C’est la première ville de France à le faire. Comme quoi, l’union fait la force », précise Antonin Borie.
Une situation délicate
Mais la situation est toutefois loin d’être idyllique. Et même si quelques résultats ont pointé le bout de leur nez, il reste encore un grand chemin à parcourir. Car depuis la création de l’association, des tensions sont apparues entre les différents patrons d’établissements. « C’est un métier où il y a des égos colossaux, certains refusent qu’on leur explique comment travailler. En ce moment, il y a des bars qui font n’importe quoi et qui se prennent des fermetures administratives », confie le patron de l’Antonnoir.
La situation est également délicate financièrement parlant. Et Antonin Borie n’a pas peur de prendre son établissement pour exemple. “Mes deux meilleures barmaids sont parties bosser en Suisse où il n’y a pas de confinement réel. Elles ont du boulot et je les comprends. Je suis endetté jusqu’aux dents. Dès la réouverture, je devrai rembourser 10 000 € par mois à la banque. Et si ça continue comme ça, l’Antonnoir va devenir un chouette souvenir », se désole-t-il.
Des rancœurs contre l’État
Il le reconnait, l’association BBRBU est écoutée par Anne Vignot, la maire écologiste de Besançon, depuis sa création. Ce qui n’empêche pas le programmateur de 39 ans d’avoir quelques propos de révoltes. Vêtu d’un t-shirt brodé « La colère du peuple » en gros caractères rouges, le ton est donné. « On blâme l’État dans sa gestion de crise incohérente et contradictoire. En fermant nos établissements, ils déplacent le problème : ils encouragent les jeunes à aller faire la teuf’ ailleurs et ça ne fait qu’empirer la situation ». Quand les masques et le gel hydroalcoolique sont de mises dans les Établissements Recevant du Public (ERP), qu’en est-il en effet des fêtes privées organisées dans les appartements étudiants ?
Des revendications claires
L’association BBRBU apporte plus qu’un soutien financier et un porte-voix. C’est également une manière de réfléchir ensemble sur les possibilités et les idées à mettre en place. Sur le modèle de ce qui se fait déjà dans certains pays, l’association propose d’abord une réouverture avec la mise en place de préventes et de réservations de places. « En cas de Covid, on saura qui était présent et on aura leurs coordonnées », justifie Antonin Borie. S’ajoute à cela la prise systématique de température à l’entrée de l’établissement, la désinfection obligatoire des mains, ou encore le cloisonnement des espaces par groupes. « On demande aussi aux pouvoirs publics de nous aider à embaucher ceux qui feront la police à notre place », conclu le gérant de l’Antonnoir.
En France, c’est plus de 300 discothèques qui ont fermées définitivement par manque de moyen depuis le confinement. L’association BBRBU tend donc à être pérennisée, comme ses projets, notamment celui de la création d’un festival musical pour inciter le public à renouer le lien avec les bars et restaurants.