Après la découverte d’ARTE à Strasbourg en 2015 et celle de France Bleu Besançon en 2018, c’est maintenant au tour d’un média de presse écrite de me dévoiler ses secrets : l’agence de l’Est Républicain de Besançon.
Ça n’est pas une agence inconnue pour moi, puisque j’y travaille en tant que correspondant depuis septembre 2018. Presque deux ans de collaboration avec la rédaction, sans finalement connaître les rouages et les coulisses de la fabrication du journal. C’est donc dans ce cadre-là que j’ai décidé de prendre mon bloc-note et mon stylo, et d’aller à la rencontre de ceux qui fabriquent ce journal de l’Est, lu par plus de 500 000 personnes chaque jour. Et parce que les coulisses d’une rédaction sont vastes, je vous propose de découper ces visites en épisodes, que je partagerai au fur-et-à-mesure de mes découvertes. Chacun d’entre-eux vous permettra d’en apprendre un peu plus sur la création d’un journal quotidien et sur la vie d’une rédaction…
Épisode 1 : le service mise en page
« Le service quoi, vous dites ? » Le service mise en page ! C’est un peu le « centre de tri » du journal, là où l’équipe rédactionnelle reçoit l’intégralité des articles bruts écrits par les journalistes ou les correspondants.
Un service divisé en secteurs
Parce que la mise en page est un travail long et conséquent, les services de mise en page se répartissent les tâches en secteur. Lors de ma visite, le service principal était chargé des pages du Doubs, Haut-Doubs et d’une partie de la Haute-Saône. C’est ce service qui réceptionne les papiers des journalistes et des correspondants pour les mettre en page.
Après relecture et validation des articles, le service « premium » prend la relève et enrichit les papiers pour apporter du contenu supplémentaire aux articles publiés sur estrepublicain.fr. Ce service ajoutera donc des liens vers des sites web d’artistes ou d’entreprises, mais pourra également insérer des modules Twitter (qui permettent d’afficher des tweets ou des comptes directement dans l’article) ou encore des vidéos YouTube, par exemple.
Le service mise en page, un des centres névralgiques du journal
Chaque correspondant et journaliste a accès à un logiciel qui lui permet de saisir son article : titre, catégorie, contenu de l’article et photo. Une fois la rédaction de son article terminé, le rédacteur envoie son article et c’est le service mise en page qui le reçoit.
Les places sont chères, dans l’Est Républicain !
Dans le logiciel de mise en page, les papiers des rédacteurs se bousculent dans la file d’attente pour trouver une place dans le journal le plus rapidement possible. Il faut dire que depuis le passage à un format plus restreint (appelé « tabloïd ») en novembre 2016, la place manque souvent dans les éditions. Il faut alors réduire le format de l’article pour le faire tenir, ou le mettre de côté (« au frigo », dit-on dans le jargon) et tenter de le replacer dans l’édition du lendemain, qui aura, elle aussi, ses articles du jour. Un vrai casse-tête, donc !
Une relecture minutieuse
Mais avant toute chose, la personne chargée de la mise en page s’occupe de relire l’article, pour examiner, après la relecture du rédacteur et du SR (Secrétariat de Rédaction), les fautes d’orthographes, ou réécrire quelques éléments mal formulés ou incompréhensibles. Cette relecture doit être très minutieuse, puisque c’est en principe la dernière relecture en détail qui sera réalisée avant l’impression du journal. A l’aide de puissants outils informatiques, mais aussi de son œil aguerri et de sa très bonne connaissance de la langue française, la personne chargée de la relecture corrige les moindres petites fautes d’étourderies glissées dans les papiers.
Pour les papiers de correspondants, le travail est un peu plus long, puisque la réécriture du chapô (c’est le paragraphe d’introduction de l’article, qui est en gras, la plupart du temps) est quasi systématique. Les photos proposées par les correspondants sont également triées et choisies pour correspondre au mieux à l’article et au format souhaité. En cas de doute ou si les informations saisies ne suffisent pas, les correspondants sont rappelés pour donner des précisions ou des explications.
L’insertion dans le « chemin de fer »
On pourrait, pour la plaisanterie, dire que c’est le moment où l’on met le papier sur les rails ! C’est un peu ça finalement. Le chemin de fer, c’est la conduite du journal. C’est la version numérique finalisée du journal, de la première à la dernière page. Dans ce chemin de fer, plusieurs sections sont communes à toutes les éditions de l’Est Républicain, comme les actualités nationales et internationales (France / Monde) ou les actualités sportives, par exemple. D’autres, vous l’imaginez, varient en fonction de l’édition (comme les pages ville, par exemple).
Une trame « préfabriquée »
La trame du chemin de fer est composée par le siège de l’Est Républicain, à Houdemont (en Meurthe-et-Moselle, tout près de Nancy). De cette façon, le service mise en page sait précisément quels emplacements sont disponibles pour y insérer du contenu. Il sait quand un emplacement est réservé pour insérer un encart publicitaire, quand un autre est déjà occupé par un article… Son rôle, pour faire simple, c’est donc de combler les trous, en insérant un maximum d’articles.
Les articles qui apparaissent dans la file d’attente sont hiérarchisés selon un code couleur.
- Gris lorsqu’ils sont en cours d’écriture par le journaliste ou le correspondant
- Orange quand ils sont relus par le journaliste
- Vert quand ils ont été relus par le Secrétariat de Rédaction
- Bleu quand ils sont prêt, mis en page et envoyés à l’impression (dans ce cas, il est impératif de ne plus y toucher)
Les articles oranges et verts, une fois relus, attendent donc patiemment leur tour pour l’insertion dans le journal. D’un simple glissement de souris, ils sont glissés dans le chemin de fer. C’est un peu comme dans un document Word, mais avec des modèles prédéfinis, pour faciliter le travail de la mise en page. Ainsi, le type de la police, sa taille, le gras, l’italique et les couleurs sont déjà préprogrammés.
Un choix minutieux des articles
Pour le choix des articles, il ne faut pas oublier les articles les plus urgents, mais prendre garde également à insérer les fameux articles mis « au frais » ou dans le « frigo », qui n’ont pas trouvé de place dans l’édition de la veille. D’autres articles encore plus vieux sont également disponibles dans ce qu’on appelle « le marbre ». Ce sont des articles dont la date de parution n’est pas vraiment importante, avec un sujet sans lien réel avec l’actualité. Il n’est donc pas urgent de les faire passer, alors on les garde de côté pour les publier dès qu’une place sera disponible. Les articles qui annoncent un événement très proche, ou qui racontent un événement passé récemment sont donc les plus urgents.
D’impératifs délais
Quoi de plus énervant que de lire un journal de la veille, ou de l’avant-veille, dont l’actualité est passée (« périmée », dit-on parfois) ? Pour que cela n’arrive pas, le journal est porté chaque jour aux abonnés par des porteurs de l’Est Républicain indépendants, pour vous assurez une réception rapide de votre journal, qu’il est agréable de lire le matin, à l’heure du café !
Pour cela, il faut que le service mise en page envoie ses pages bouclées suffisamment en avance pour permettre l’impression et la distribution dans les temps. L’apparition il y a quelques mois de l' »Édition du soir » est venue bouleverser un peu les plans du service. Cette édition, c’est une version raccourcie du journal qui mêle toutes les éditions pour proposer aux abonnés l’essentiel de l’Est Républicain, en exclusivité, dès 21h30. Auparavant, l’heure maximale pour l’envoi de l’intégralité de l’édition bisontine était fixée à 22h00. Mais l’Édition du Soir étant diffusée une demie-heure avant, il est aujourd’hui impératif pour le service de mise en page de rendre les relectures avant. Pour ces dernières, la deadline est donc fixée à 20h.
En bref, tous les articles paraissant dans cette édition anticipée doivent être relus, mis en page et validés avant 20h. Pour le reste, les délais sont plus souples, avec une heure butoir fixée à 22h pour l’envoi des pages bouclées au service impression, au siège de l’Est Républicain.
Conclusion
Le service mise en page est d’une grande importance dans une rédaction, car ce ne sont pas les journalistes, ni les correspondants, qui mettent leurs articles en forme. Ils envoient leurs textes sous forme brute, et c’est ce service qui compose le journal. Comme le Secrétariat de Rédaction, ce service est un point névralgique de la rédaction, sans lequel les éditions de l’Est Républicain ne pourraient exister.
J’espère vous en avoir appris un peu plus sur le fonctionnement de la rédaction, et ne manquerai pas de vous retrouver ultérieurement pour un prochain épisode… à la découverte de l’Est Républicain !
