Le week-end des 15 et 16 juillet 2017, je me suis rendu au festival Les Rendez-vous de Juillet, qui se déroulaient à Autun, en Bourgogne. Ce festival réunissait les journalistes et les professionnels des médias, ainsi que les simples curieux qui souhaitaient assister à cette rencontre. Au programme : interventions de personnes du métier, débat, animations…
Florence Aubenas, « La presse fait partie du monde »
Le festival, tenu pendant trois jours, du vendredi 14 au dimanche 16 juillet 2016 se déroulait à Autun, en Bourgogne. Plusieurs intervenants y étaient présents, comme Florence Aubenas, une grande journaliste du Monde, et ancienne journaliste de Libération. En janvier 2005, elle est enlevée en Irak lors de la réalisation d’un reportage. Elle est libérée quelques mois plus tard et retourne en France. Durant ce festival, Florence Aubenas est intervenue sur divers sujets, comme par exemple une grande thématique : « Faut-il brûler les journalistes ? ». Pendant une heure et demie, elle a pu témoigner de son vécu et nous en dire plus sur sa carrière mais surtout son métier : « La presse a des radars et ce qui ne rentre pas dedans n’existe pas », a-t-elle déclarée. Pour elle, il y a aujourd’hui un problème de crédibilité des journalistes qui ne sont plus pris au sérieux. Peut-être de la faute des journalistes, mais aussi du public, de plus en plus méprisant. Pour elle, plusieurs raisons expliquent ce fossé entre les journalistes et le public. L’air de Daft Punk joué par la fanfare lors du défilé du 14 juillet en est un grand exemple d’après elle. Cet événement a pris la place d’autres actus sur tous les journaux du vendredi midi, ce qui a peut-être laissé de côté certains sujets plus importants pour certains. Mais pour elle, les journalistes doivent exister et nous accompagnent dans notre quotidien. « La presse fait partie du monde », a-t-elle déclaré.
Après son intervention, j’ai pu faire une petite photo avec elle et échanger quelques mots.
« Il y a des photos qui changent le cours de l’histoire », d’après Fabrice Arfi
L’après-midi, sur le mont Beuvray, nous avons pu rencontrer Fabrice Arfi, un journaliste de Médiapart. Plusieurs débats ont eu lieu entre lui et le public, notamment sur l’anonymisation des terroristes pour laquelle il est « complètement opposé ». Pour lui, cela ne change en rien le cours de l’enquête et si on se mettait à anonymiser les terroristes, il faudrait aussi appliquer cette procédure pour les criminels et autres cambrioleurs.
Condamnation de Paris Match, une affaire injustifiée selon Émilie Blachère
Emilie Blachère se tenait, elle, aux côté d’Arfi. Journaliste de Paris Match, hebdomadaire menacé de retrait des kiosques pour avoir diffusé des photos choquantes de l’attentat de Nice un an après, elle a pu s’exprimer et donner son avis sur cette affaire, qu’elle juge injustifiée et qui symbolise pour elle une remise en cause de la liberté de la presse. Pour elle, ces photos ont été condamnées car certaines remettaient en cause la sécurité de Nice le soir des attentats. D’après la jeune journaliste, on y voit très clairement le terroriste faire plusieurs essais quelques temps avant l’attentat, notamment rouler sur le trottoir, passer sous les stores des terrasses de cafés pour prévoir la hauteur du camion… Tout était calculé et préparé à l’avance et les services de sécurité n’ont malheureusement rien vu venir. Et c’est cela que les autorités auraient, d’après elle, voulu camoufler. Fabrice Arfi a tenu à souligner que son média à lui était, au contraire, un « média pudique », qui considérait que le poids des mots est plus fort que celui des photos. Il a ajouté qu’un bon article est un article qui décrit parfaitement la vérité, sans l’embellir ni la déformer et qu’il fallait peut-être certaines fois, des photos pour faire réagir.
Création de l’Ebdo : un journal jeune et illustré
Enfin, nous avons pu rencontrer Constance Poniatowski, cocréatrice du futur hebdomadaire « Ebdo ». Magasine payant mais sans publicité, il ne résumera pas simplement l’actualité comme les autres hebdomadaires mais la présentera différent, notamment grâce à beaucoup de visuel (comme des dessins ou des BD par exemple). Le but de ce nouveau magasine sera donc de parler de tout, de ce qui se passe au coin de la rue à ce qu’on peut voir à l’autre bout du monde. Ce qui justifie la centaine de page qui sera présente à l’intérieur. C’est en tout cas le pari que se sont lancés les dirigeants. La sortie du premier numéro est le 12 janvier prochain. Comme nous le disait Constance Poniatowski lors de notre entrevue, la date de sortie est justifiée par le soucis de proposer un magasine à la hauteur de ce que nous, lecteurs attendons mais aussi à cette « trêve des confiseurs » où tout le monde pense aux fêtes, ce qui laissera un temps précieux aux journalistes de la rédaction pour peaufiner leur travail. Vous pouvez donc relayer l’information partout et consulter plus d’information sur https://ebdo-lejournal.com/
Ce festival a permis à tous les participants de visiter quelques artères de la ville d’Autun mais également de contempler la vue imprenable que nous offre le mont Beuvray, situé à Bibracte. Il a également éclairé la plupart des journalistes sur leur condition, leur avenir dans la société mais aussi certains de leurs comportements au sein des rédactions. Un festival plein d’émotion auquel nous avons eu la chance de participer, qui m’a d’ailleurs permis de faire un peu de tourisme et de visiter Autun.