État du journalisme

100 ans de la radio et une avancée majeure : la radio à distance

À l’occasion des 100 ans de la radio, retour sur l’histoire de la radio, les progrès accomplis ces derniers temps et sur quelques-unes de mes bourdes techniques !

Publié le 03 juin 2021

Il y a quelques dizaines d’années, la radio se faisait presque exclusivement en studio, dans les locaux de la radio. Parfois en direct, parfois enregistré, le contenu était toujours produit au sein des studios de la radio. Mais avec la crise sanitaire, et notamment le confinement, qui se sont imposés à nous tous, et donc aux professionnels de la radio, il a fallu s’adapter. Cette année, la radio fête ses cent ans. Alors pour l’occasion, retour sur l’évolution de ce média cher à mon cœur et sur mes bourdes techniques.

La brève histoire de la radio

Concrétisée en 1921, la radio a pourtant connu beaucoup d’avancées avant cette date, avec notamment la découverte et l’exploitation des ondes radio, dites « ondes hertziennes », par le scientifique Heinrich Hertz autour de 1887. En 1906, l’inventeur Reginald Fessenden transmet pour la première fois une voix par radio. D’abord utilisée à des fins militaires, la radio sera rapidement exploitée pour d’autres usages, et notamment à partir de 1915 pour un usage culturel.

Le 22 décembre 1921 se concrétise Radio Tour Eiffel, première station de radio française, qui diffusera un concert depuis la Tour Eiffel. Peu de temps après, en 1922, le monde assiste à la naissance de la radio britannique phare : la BBC.

Depuis, la radio a sacrément évolué et a dû s’adapter aux nouveaux usages, imposés notamment par le numérique.

De la radio à distance

Mais avec la crise sanitaire que le monde connait depuis 2019, le progrès technologiquement a dû être plus rapide et plus efficace que d’ordinaire. Si bien que nous en sommes convaincus : nous pouvons aujourd’hui faire de la radio presque intégralement à distance. C’est le cas chez France Bleu.

Aucune interruption de service

En plein cœur de la pandémie, le réseau France Bleu a continué de fonctionner. Et pourtant, aucun de vos animateurs ou journalistes préférés (ou presque) n’a pris de risque en venant travailler sur place. Peu d’auditeurs le savent, mais la plupart vous ont accompagné depuis chez eux. Parfois dans leur cuisine, leur salle à manger, leur chambre ou leur bureau. Parfois avec les enfants, les conjoints à côté. Et pourtant, vous n’avez pas perçu de différence. C’est le progrès !

De véritables prouesses techniques

Même si nous avons connu quelques déboires au début du distanciel, les équipes techniques et d’animation ont tout de suite pu dompter la technologie et sont parvenus à des prouesses techniques. Seule limite à ce système : il est quand même nécessaire qu’un technicien soit sur place, en station, pour manipuler la console de mixage et lancer les musiques. Mais ce « grain de sable » dans les rouages déjà bien huilés sera peut-être corrigé dans quelques années…

Habituellement, rien n’est possible sans les techniciens. C’est encore plus vrai à distance, car ils doivent anticiper les actions des animateurs. En effet, quand tous deux sont présents en studio, ils se voient, ce qui n’est pas forcément le cas du distanciel.

Un micro, un smartphone et c’est le direct

À ce jour, grâce à un micro et un smartphone, il nous est possible de faire de la radio. Parfois pendant des heures. Me concernant, ma chronique de l’Étudiant du jour est enregistrée à distance depuis plusieurs mois, sans que personne n’ait pu sentir la différence.

Sur notre smartphone, nous commençons par installer l’application Report-It. Elle permet à l’origine de faire du reportage en direct, en connectant un micro à son téléphone. Le son est envoyé en temps réel en régie grâce aux données mobiles (3G ou 4G) ou la WIFI avec très peu de décalage. Évidemment, ça marche aussi pour de l’animation en direct, car le son est très correct et change du tout au tout par rapport à un appel téléphonique standard.

L’application Report-It sur smartphone

L’application est très simple à utiliser : il suffit de cliquer sur le téléphone vert pour se connecter à la régie France Bleu, de régler le volume du micro et le volume du casque et le tour est joué !

Le micro (un Shure SM58, pour les connaisseurs) est connecté au téléphone par ce qu’on appelle un câble MIKI®, qui fait le lien entre la prise du micro et celle du téléphone. Il permet également de brancher un casque pour entendre ce qui se passe à l’antenne.

Un micro, un câble, un téléphone et le direct est possible !

Pour les longues sessions de direct, certains animateurs sont également équipés d’un dispositif plus sophistiqué, permettant une meilleure qualité de son ainsi qu’un meilleur confort qu’avec un simple téléphone.

Le boitier de gauche récupère le son des micros chez l’animateur et l’envoie sur la console. Il y a même une lumière rouge pour signaler quand le micro est allumé / © Photo DR

Alors effectivement, animer une antenne est beaucoup moins agréable depuis son salon qu’au cœur du studio en équipe et en vue directe avec le technicien, mais cette possibilité permet de ne pas interrompre l’antenne. Et c’est un vrai plus pour conserver en toutes circonstances le niveau de service de la radio publique de proximité.

Ces progrès techniques pourront également servir pour n’importe quel autre direct en extérieur, hors période Covid.

Mes premiers pas

Difficile de vous parler de mes premiers pas radiophoniques sans faire de la redite… Je partage déjà tout avec vous régulièrement sur ce blog ! En revanche, je vais vous parler des situations stressantes que j’ai vécues en radio.

Une maquette pas assez préparée

J’avais commencé depuis peu ma chronique de l’Étudiant du jour. Le responsable des programmes de France Bleu Besançon m’avait proposé de faire mon premier remplacement à l’antenne pour une matinale week-end. Comme je n’avais jamais fait d’antenne en direct auparavant (mis à part quelques jours de co-animation en janvier 2019), il a fallu tester mes compétences à animer une matinale, seul au micro.

Aussi, on fait en radio ce qu’on appelle un pilote ou une « émission zéro ». Une maquette, tout simplement : on se met dans les conditions du direct avec un technicien, de faux appels d’auditeurs, une conduite avec des musiques et jingles à diffuser… Et on anime, comme si on y était. Pendant ce temps, tout est enregistré et on débriefe ensuite avec notre responsable sur ce qui a été ou non.

Immergé au cœur de France Bleu Besançon pendant plus de deux ans, j’avais eu l’occasion de voir comment les animateurs professionnels animaient l’antenne : la plupart préparaient leurs interviews. Pour le reste, c’était improvisé (météo, lancement des musiques…) Pourquoi ne pas faire pareil ?

Je suis donc arrivé en studio très serein, en ayant préparé mes interviews et en pensant évidemment que tout allait bien se passer dans l’improvisation du reste. Mal m’en prit ! Ce fut une catastrophe et un stress maximal : je n’arrivais pas à improviser ma météo. Rien ne sortait ou alors je mélangeais mes mots. Bref, un carnage. J’annonçais les musiques qui allaient passer avec un simple « Voici les Tears For Fears sur France Bleu Besançon. Sowing The Seeds Of Love« , mais sans plus. Pas très vendeur…

Je me suis aperçu ce jour-là qu’il ne suffisait pas d’arriver simplement avec son air pimpant en studio, comme les animateurs professionnels peuvent le laisser penser quand on les observe. Il faut préparer un maximum de choses si on en a besoin. Après 30 ans d’antenne, il est probablement possible d’improviser. Pas pour sa première. Ce fut une belle leçon, qui m’incita ensuite à préparer tout ce que je pouvais pour mes vrais directs.

Un mot qui ne veut pas sortir

Quoi de plus pénible quand on essaye de prononcer un mot qui ne veut pas sortir de notre bouche correctement ? C’est ce qui m’est arrivé à la fin de l’année 2020. Pour les infos, très souvent, les journalistes écrivent aux animateurs ce qu’on appelle des relances : une phrase qui permet d’introduire le sujet suivant pour éviter que l’intégralité du flash info ne se fasse dans la voix unique du journaliste.

La journaliste en place ce jour-là m’avait écrit une relance sur un sujet de sport, si ma mémoire est bonne. Mais je n’ai jamais réussi à dire la phrase correctement. Je m’y suis pourtant repris au moins à trois ou quatre fois, sans succès. Même en ralentissant, en exagérant l’articulation. Quand ça veut pas, ça veut pas ! Et on se sent bien seul… Heureusement, Sophie Allemand, la journaliste chargée des points d’info ce jour-là, a repris ce bout de phrase pour m’éviter la suite d’un long massacre !

Comme quoi, à la radio, tout est possible ! Elle reste un média humain et lors d’un direct, on ne doit pas oublier qu’il peut y avoir des imprévus techniques, et surtout que nous sommes « a fortiori des hommes comme les autres » (pour ceux qui auront la référence). Aussi, une antenne n’est pas forcément parfaite, mais c’est à cela qu’on voit que la radio ne diffuse pas des productions aseptisées. Et c’est la preuve d’une véritable proximité avec l’auditeur !

La première édition de la fête de la radio a lieu toute la semaine jusqu’au 6 juin ! Rendez-vous sur fetedelaradio.com !